Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LE DIABLE AU CORPS.


avoir reçu les élémens de la meilleure éducation bourgeoise. Heureusement, j’étais déja fort avancé pour mon âge, et formé, quoique petit. J’avais un fond précieux de la gaieté la plus vive.

LA MARQUISE.

Et beaucoup de tendresse naturelle, je gage ?

HECTOR.

Plutôt, Madame, de penchant au plaisir, sans en avoir encore la moindre connaissance.

LA MARQUISE.

C’est bien comme je l’entends : à Dieu ne plaise, mon ami, que je te soupçonne d’être né assez sot pour avoir jamais été enclin à cet amour bête qui fait soupirer, gémir et languir pour un objet unique. J’ai meilleure opinion de toi…

HECTOR.

Comme c’est pourtant assez volontiers par là qu’on commence, quand on est dans une position ordinaire, j’aurais pu donner dans ce travers là tout comme un autre : mais vous verrez, Madame, que je n’en ai pas eu le loisir.

LA MARQUISE.

Et je t’en fais mon compliment bien sincere. — Mais voyons : ton début dans le monde ? tes premiers succès ? tes fredaines galantes ?

(Elle passe un bras autour du cou d’Hector, et met une jambe sur ses genoux, de sorte qu’il lui parle