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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/534

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LE DIABLE AU CORPS.

Nicole donc, est envoyée chez son Excellence en façon d’ambassadrice, pour demander (sans rendre aucun compte du pourquoi) le costume complet d’un sultan. L’intelligente et discrete négociatrice remplit l’objet de sa mission, avec le triple succès d’obtenir ce qu’elle était allée chercher ; d’être gracieusement enfilée par l’insatiable amateur, et de devenir plus riche d’un joli brillant[1]. — Pendant que Nicole passait ainsi son tems chez le Prélat, Hilarion, déposé chez un baigneur, était, par ordre, trempé, dessalé comme de la merluche, épilé, massé, raclé, lissé, frotté de son d’amandes et de pâtes ; coloré légérement avec du vinaigre de rouge[2] sur toutes les articulations, et plus vivement, tant aux joues

  1. Le Tréfoncier, quoique naturellement généreux, ne donnait cependant pas ses bagues à propos de rien ; mais Nicole avait très-bien gagné celle dont il lui faisait hommage. Il s’était rappellé qu’à sa jolie fête des Boulevards, cette fille avait bien voulu permettre à Mr. Frédéric une gaieté prussienne dont lui-même n’avait pas eu la joie. (V. p. 157 de ce vol.) Cette prétérition lui tenait au cœur : l’occasion s’était présentée de s’en dédommager ; il l’avait saisie. C’était au surplus une dette dont il s’acquittait envers la soubrette qui lui avait fait, de bien bon cœur, le semblant (V. p. 147) de ce dont il aimait tant à faire la réalité. Nicole, pour cet objet, était impayable, depuis que fort apprivoisée sur l’article par l’illustre Belamour, elle commençait à mettre plus que de la complaisance au don de ce genre de faveurs. On a vu (pag. 191 de ce Volume) la Marquise lui en faire l’observation. (Note du Docteur.)
  2. Teinture qui pénetre dans les pores, et résiste même à l’eau pendant deux ou trois jours.