qu’aux lèvres. La barbe recevait une onction,
odoriférante ; on y ajoutait des crocs à la Musulmane :
on donnait aux sourcils un trait noir,
net et symmétriquement arqué. Le poil, dont
leur séparation était embarrassée, disparaissait.
— Finalement, quand Nicole (qu’au contraire
on avait furieusement détoilettée) vint rejoindre
le pere, il n’y avait plus qu’à le revêtir de
l’habit Turc. Comme le sot n’avait été jusques-là
prévenu de rien, son étonnement fut extrême
quand il vit cet attirail, et sut qu’on le lui destinait.
« Que me voulez-vous (dit-il fort troublé.)
— Vous transformer en Mahomet (répondit, en
riant, son extravagante conductrice.) Faire de
l’excrément de l’Évangile, le Coryphée de l’alcoran.
— Mon Dieu ! quelle trahison, Mademoiselle !
Je vous le dis tout net : dussé-je mourir
martyr de ma foi, je fais profession d’être Chrétien,
Catholique et Romain ; je déclare que je
ne veux d’aucun commerce avec les diables, dont
ce Mahomet est l’un des plus fameux. Je ne crois
qu’à un seul Dieu en trois personnes,
le Pere, le Fils et le Saint-Esprit, Ab insidiis
diaboli, libera nos, Domine : Kyrie eleïson.
Amen. — « Que le diable te torde le cou, fichu
cafard, (riposta la peu dévote Nicole, en rangeant
déja sous le riche turban au calot verd,
deux oreilles de Midas fort indociles.) Laisse-toi