lesquelles il a fallu tant de peine pour t’arracher,
auraient, avec leur bigoterie et leur
sotte pudeur, gâté le plus heureux naturel.
Faire de toi une vestale, ou du moins l’obscure
épouse de quelque malotru d’artisan ! c’était
un beau projet, ma foi ! Laissons ces vertueux
métiers aux laides, aux maussades ; mais
une jolie femme, dans quel état que le sort
l’ait fait naître, se doit aux voluptés. Toute
à tous, voilà quel doit être notre cri de
guerre : c’est ma devise au moins. Je veux
qu’elle soit aussi la tienne. Tu te trouves bien
sans doute des douces habitudes que je t’ai
fait contracter ? Quant à moi, je suis, par
mon systême, la plus heureuse des femmes.
Nargue des préjugés, et donnons-nous en tant
et plus.
Charmante morale, Madame ! Je crains fort cependant que votre systême, tout attrayant qu’il est, ne vous mene aussi par trop loin ! Vous vous livrez trop (excusez la liberté que je prends, Madame) ; vous vous livrez trop à vos caprices libertins. Quelque robuste que soit votre tempérament, quelque solide que soit votre beauté, vous risquez de vous user bien vîte. D’ailleurs vous n’êtes pas toujours prudente et je tremble qu’enfin Monsieur le Marquis…
Mon mari ! ce polisson ![1] de quel droit
- ↑ Quoique ce livre ne soit nullement un cadre conve-