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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/59

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LE DIABLE AU CORPS.


trouverait-il à redire à ma conduite ? Elle est cent fois meilleure que la sienne. Ma naissance vaut mieux aussi. Je suis riche : il mourait de faim sur le pavé de Paris quand je fis la sottise de m’engouer de sa jolie figure. Je voulus me le donner, il abusa de ma confiance : et par un vil calcul d’intérêt, il me fit un enfant ; on fut obligé de nous marier. Que n’a-t-il su me fixer ! Pourquoi m’a-t-il entourée de la plus mauvaise compagnie ! Pourquoi m’enseignant les plus extrêmes raffinemens du libertinage et me mêlant avec l’essaim des complices de ses orgies, m’en a-t-il aussi lui-même donné le goût !… Ce n’est pas, au surplus, ce dont je le blâme. S’il n’eût fait que cela, sans doute il ne m’en eût été que plus cher… mais ses scenes publiquement scandaleuses, ses prodigalités sourdes, le décri total où cet homme sans sentimens s’est laissé tomber !… ne me parles pas de lui, je te prie.

PHILIPPINE.

Il est bon cependant de vous rappeller quelquefois que, par malheur, il a sur vous une autorité, dont il pourrait abuser si vous affectiez trop de le compter pour rien dans le monde ?

LA MARQUISE.

Tu raisonnes fort juste et je te sais gré du

    nable pour de la bonne morale, celle que renferme cette tirade valant cependant la peine d’être remarquée par le lecteur, j’ai trouvé bon de ne point l’en retrancher, quoique ce hors-d’œuvre fasse longueur.