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Page:Nerciat - Le doctorat impromptu, 1866.djvu/35

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LE DOCTORAT IMPROMPTU

« Cependant le cœur me battait ! les veines du pauvre petit étaient gonflées ! on les voyait serpenter sur son front enluminé… Je le sentais tremblant, brûlant… Je fus obligée (comme s’il y eût eu déjà de l’intelligence entre nous) de lui faire, au moment où l’abbé nous rejoignait, un chut imposant.

« Et voilà comment, en dépit qu’on en ait, peuvent naître des malentendus. Qui, dans ce moment, nous voyant ainsi troublés, n’aurait pas imaginé qu’il y avait de part et d’autre un commencement de galanterie ?

« Je me plaignis de la fraîcheur du soir et voulus retourner chez moi tout de suite. Le doux et tendre adolescent nous suivit sans murmure. L’abbé goûtait d’autant mieux ma résolution subite, qu’avant de quitter l’auberge il avait oublié de demander le bulletin du souper ; il se reprochait cette négligence en homme qui affichait une gourmandise… d’abbé ; c’est tout dire.