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À QUOI BON ? ON LE SAURA.


bout de six ans que le premier jour, malheur dont rien ne peut me consoler ni me distraire. En vain ai-je fui le lieu de la catastrophe, voyagé par toute l’Europe, essayé toutes les distractions, jusqu’alors rien n’a pu guérir mon cœur déchiré.

Le Prince. — Certes, on ne vous soupçonnerait guère d’être mélancolique à ce point, quand on vous rencontre partout, quand aux jolis soupers, dans nos cercles, chez nos femmes à la mode, vous êtes l’un des plus stimulants boute-en-train de la folie.

Le Comte. — J’ai quelque empire sur moi-même ; d’ailleurs, le tourbillon du monde aimable et joyeux étant mon unique remède, ne sais-je pas qu’il serait absurde d’y verser l’ennui et d’y rendre contagieuse ma sombre mélancolie ? J’étais né gai jusqu’à la pétulance, j’avais tous les goûts qui peuvent contribuer au bonheur, j’ai de grands moyens pour les satisfaire : j’aime le faste, les voyages, les arts, les femmes… Les femmes ! (Il s’attriste.) une seule…

Le Prince. — Vous m’intéressez à l’excès. Oubliez un moment que nous avons en-