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QU’ON ME CHANGE CES TÊTES !


de l’univers, produire d’aussi belles choses entre soi.

Tandis qu’on était possédée de cette folie dans la maison de madame Hanneton, monsieur courait le monde, possédé du goût de la botanique, herborisant par monts et par vaux, ayant plus d’une fois franchi nos frontières, et même les mers, à la piste de quelque espèce qu’il était au désespoir de ne connaître que par les livres.

Sur ce pied, ces dames étaient parfaitement maîtresses de leurs actions.

Madame Hanneton, effet à peu près véreux, mais qui avait encore un peu de cours sur la place des très-jeunes gens (faciles en affaires, comme on sait, et fort économes de protêts), madame Hanneton s’enfermait souvent avec le complaisant Limefort. Il lui aidait, disait-elle, à trouver la rime ; mais, au vrai, leurs fréquents apartés n’aboutissaient qu’à perdre la raison. C’est peut-être à cause de cela qu’il n’y avait ni rime ni raison dans les poésies de la chère dame. L’obligeant Limefort eût sans contredit beaucoup mieux aimé l’emploi d’entretenir la palette et de nettoyer les pinceaux de