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MONROSE


quand je n’ai pas voulu que ce fût, comme à présent, à mon bonheur ! » À ces mots, l’enragée s’enlace autour de moi, m’attire, me soulève et, d’un pied, fait tomber le coussin sur lequel je venais d’être assis… — Voilà, m’écriai-je, une coquine d’un genre bien étonnant. Ce ne peut-être que la femme à laquelle j’avais pensé d’abord. Son âge ? — Vingt-huit ans avoué, c’est-à-dire une dizaine de plus. — Sa figure ? — Encore assez piquante, mais sucée, et toute d’art. — De la tournure pourtant ? — C’est là son principal agrément. — De grands airs, n’est-ce pas ? — Vous y voilà. Le port et les manières d’une sultane de tragédie. — Vous y voilà vous-même ; car… croyez-vous peut-être avoir fait le caprice d’une femme de qualité ? — Pour cela du moins, j’en suis certain : c’est le seul beau côté de ma pitoyable aventure. — Je vais, mon cher, vous ôter cette futile consolation. Votre conquête s’est nommée, pendant plus de vingt ans, la B… Après avoir infatigablement brillé sur les tréteaux de toutes les provinces, ayant dévalisé, chemin faisant, je ne sais combien de barbons enthousiastes du cothurne, cette illustre se trouvait enfin à la tête d’un assez solide revenu de vingt-cinq à trente mille livres. La longue habitude d’être princesse