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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/212

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MONROSE


grave Lebrun était également dépossédé de cette portion des droits de son état auprès de ma personne. C’est ainsi que le triste accomplissement des volontés du docteur dégénérait en récréations bouffonnes, et trompait mon affreuse disgrâce. Combien de fois pourtant, principalement les premiers jours, mes féminins esculapes me mirent au supplice, moins par leurs soins stimulants que par la précaution de ne me traiter jamais qu’ensemble, comme ces dames en avaient fait entre elles l’inviolable serment ! C’est surtout cette réunion qui, doublant mes tentations, soufflait à l’excès le feu de mon amour et mutinait de cuisants désirs, au point de les rendre enfin insupportables. En vain des faveurs de plus d’un genre, mais qui n’étaient que fleurs pour moi, charmaient-elles mon état de privation, et m’assuraient-elles que j’occupais amoureusement deux êtres parfaitement sensibles ! C’était emprunter encore où je me désolais de ne pouvoir au contraire répandre mes richesses. Le plaisir que je donnais excitait ma jalouse envie : une invalide partie de moi-même reprochait, avec rage, surtout à mes baisers, cette fantasque usurpation de ses droits légitimes. J’achetais ainsi bien cher un simulacre de bonheur.

« À cela près, je menais, dans mon hôpital,