Aller au contenu

Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
MONROSE


une vie bien douce. Floricourt, fille d’un artiste distingué, peignait elle-même en artiste. Belmont savait chanter et jouer de la harpe… comme plaire, comme aimer. Elles cultivaient à l’envi mes talents à demi-formés pour le dessin et la musique. Je faisais avec ces maîtresses des progrès surprenants. L’Amour enseigne bien mieux qu’Apollon lui-même : je l’éprouvais.

« Cinq semaines se passèrent ainsi, pendant lesquelles on ne me quitta jamais, si ce n’était pour aller furtivement à quelque spectacle. Pendant ce temps-là je guéris et j’atteignis l’un des plus beaux moments que puisse souhaiter un jeune mondain un peu jaloux de sa figure. Cet heureux point fut habilement saisi par les galants pinceaux de Floricourt, qui, dans un tableau de demi-nature, me peignit deux fois, avec une parfaite ressemblance, chacun des deux moi, mourant du baiser d’une femme céleste ; ces femmes étaient… l’artiste elle-même et notre amie ; derrière nous l’Amour, souriant, achevait de graver avec un de ses traits sur un vase de fleurs : « Et tous quatre ne font qu’un. »

« — Vous finirez, interrompis-je, par me raccommoder avec ces femmes. À vous entendre, on dirait que cela sait aimer et même avec délicatesse ! Comment concilier cette conduite avec