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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/310

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MONROSE


sur cet as de pique un baiser ! » Ô Bacchus, où, lorsque tu commandes, les plus graves personnages ne peuvent-ils pas s’égarer ! Un Allemand, un conseiller intime va singer le page français ! Un gros baiser tombe sur le chatouilleux bijou, mais assez gauchement pour que ce larcin criminel éveille la propriétaire. Dans le sursaut, elle s’étend en frappant si rudement du pied la poitrine du voleur, que celui-ci tombe à trois pas sur le derrière, coup de théâtre bruyant auquel tout le monde ne manque pas d’accourir, ce qui met le comble à la beauté du spectacle. « Vous êtes un peu vive, madame ! a l’impudence de dire fort tranquillement la cynique Adélaïde. Une horrible araignée venait de se couler sous vos jupes : je les ai en exécration, et n’osant vous en délivrer, j’avais prié Son Excellence de vous rendre ce service… — L’a-t-il ôtée du moins ! s’écrie la baronne, debout et se secouant avec effroi. — Je l’ai écrasée moi-même : voyez ! » En même temps Adélaïde a le front de montrer une semelle dont l’humidité donne en effet beaucoup de vraisemblance à son récit. « Pardon, madame, ajoute en se prosternant le justifié baron ; le reste est une petite gaîté que je croyais pouvoir dérober à votre profond sommeil. Puissé-je quelque jour

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