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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/327

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MONROSE


cieuse amphibie, qui, tandis que je la sers avec ardeur, recherche les baisers de sa rivale, et l’occupe encore d’une autre façon ; tout cela souffle mes feux et me vaut de faire à Vénus le plus fastueux sacrifice.

« Mais quel froid mortel me saisit, lorsque, m’occupant de ce qu’a pu devenir chez Nicette un sexe oisif tandis que je tenais l’autre en activité, je reconnais que je suis dupe encore et que ma revanche est une méprise abominable ! Je saute à bas du lit, je prends un flambeau, j’accours… Déjà l’enragée Nicette est dans les bras de mon infidèle amante. Je les découvre du haut en bas ; je visite : elles vont leur train, comme si elles étaient seules au monde ! J’ai tout le temps d’enrager et de m’assurer qu’au lieu d’être des deux sexes, la perfide Nicette n’est d’aucun ; que cette jolie femme n’est qu’un joli homme dégradé ; que le sillon qui ci-devant avait trompé mes yeux, n’est qu’une impasse factice, bizarre mais effrayant vestige d’une amputation ; m’en voilà convaincu ; en un mot, je n’ai fait que restituer à Nicette une réalité pour un semblant : le voyage eût été le même si un terrain vierge ne se fût invinciblement refusé chez moi à ce qu’avait permis sans résistance chez Nicette une route… hélas ! si frayée,