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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/34

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MONROSE


me faire, à propos de rien, de mauvaises plaisanteries. — Vous venez de m’en faire une charmante, en vérité ! Je vois bien, M. le chevalier, qu’il n’y a pas moyen de plaisanter avec vous ! — Qu’aviez-vous vu, là ? — Précisément ce que vous venez de me faire si bien sentir. — Eh bien ! fallait-il en tirer une conséquence aussi saugrenue ? Vous vous imagineriez apparemment qu’on peut entrer impunément chez une femme adorable, la savoir, de son propre aveu, presque in naturalibus derrière un simple rideau, voir par le bas des petits pieds d’une tournure unique, et ne pas sentir un voluptueux désir s’allumer à l’excès ? — Ma maîtresse a, j’en conviens, tout ce qu’il faut pour le faire naître ; mais… (Rose riait) vous mettez-vous aussi à votre aise que je vous ai vu, toutes les fois que quelque objet aimable vous monte l’imagination ? — Vous me faites une mauvaise chicane : votre maîtresse ne s’est douté de rien. — Vous me faites un conte absurde. Elle s’est si bien douté de tout, que, me présentant à la porte une première fois, je vous ai vus tous deux… — Vus ! celui-ci est fort ! — Oui, vus, monsieur, et si bien vus, que j’ai cru nécessaire (puisque je devais absolument rentrer) de retourner sur mes pas et de faire assez de bruit