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MONROSE


réelle en faveur du prélat. Il y avait d’ailleurs une porte continuellement ouverte pour arriver à la faveur de madame de Garancey : on ne pouvait louer un peu vivement quelque beauté de ses productions, sans qu’aussitôt les plus douces amitiés fussent la récompense de l’éloge. Monrose le premier avait découvert, sans y songer, ce défaut de la cuirasse : d’Aiglemont, averti, fut curieux de faire la même expérience ; elle lui réussit à merveille.

Quant à monseigneur, c’était tout de bon qu’il se cramponnait à madame de Garancey ; tous les rapports imaginables les destinaient l’un à l’autre : il était fou de vers, de pièces. Sur le retour, il aimait, en homme d’esprit et de sens, les femmes qui ne sont plus tant courues, qui sont instruites, et avec lesquelles on peut causer. Un très-jeune homme ne risque rien à porter aussi son encens aux pieds des femmes surannées : l’insatiable faim du bel âge donne la solution de ces goûts disproportionnés. Mais l’homme dont l’été finit, ne peut continuer de courir après des printanières sans se couvrir de ridicule.

Quant à moi, j’étais enchantée de voir s’émousser ainsi, par de vifs et prompts frottements, les diverses aspérités des préjugés et des