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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/57

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MONROSE


tout de suite à ma grosse voisine), mon cousin[1] eût été cause que nous aurions pu garder le cher abbé, au lieu de le renvoyer comme, avec ses petitesses (en montrant le sourd), monsieur nous y a forcées, de peur qu’on ne fût treize à table ! » Comme chacun fit à la fois, sur ce préjugé, sa petite épigramme avec l’intention d’y mettre quelque esprit, et que chacun riait de ce qu’il venait de dire, l’enjouement parut général. Le pauvre diable aux dépens de qui l’on s’évertuait ainsi, marquait, par une grimace dont ma gravité fut à son tour presque déconcertée, qu’il était au désespoir de n’être point au courant : « Quand on est sourd, dit-il en soulevant les joues de sa grosse perruque, on est bien à plaindre. Qu’est-ce qu’on dit donc ? » Il cria ces derniers mots de façon à nous rendre pour un instant aussi sourds que lui : on tâcha vainement de lui faire comprendre, par signes, qu’il ne perdait rien d’intéressant. Comme il s’était vu pendant un moment le foyer de tous les regards ; persuadé qu’il s’était dit quelque chose d’obligeant pour lui, et ne voulant pas demeurer en reste, il se lève pour faire à tout le

  1. Monrose n’était rien à Sylvina par le sang ; mais elle avait des vues que bientôt on connaîtra.
4.