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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/64

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MONROSE


jeu de mines dont je m’étais aperçu, soit que la seule présence d’un concurrent en fait de mérite l’eût à l’instant déterminé, cet homme, si sémillant un moment avant la rencontre de l’abbé, se rembrunit et parut se souvenir tout à coup d’un rendez-vous donné, disait-il, depuis trois jours à une plaideuse intéressante qu’il ne pouvait négliger sans la mortifier. Il fausse donc compagnie et se retire gravement, laissant, comme un sot, son rival en possession du bras féminin auquel il vient de renoncer par humeur. « Je suis bien malheureuse, me dit d’un ton de confidence et tout bas madame de Folaise peu satisfaite. On a beau faire, on ne vient point à bout de concilier certains esprits. Le président et l’abbé, tous deux aimables, tous deux très-bien reçus chez moi, sont comme le rhinocéros et l’éléphant ! Il est impossible de les posséder ensemble en petit comité. J’en suis désolée. Autrement j’aurais engagé celui qui nous quitte à souper aussi ce soir avec nous, car vous me donnez apparemment, chevalier, ma revanche de ce matin ? » Puis, sans attendre ma réponse… « L’abbé, vous êtes libre sans doute ? — Tout à fait à vos ordres. — Et vous, ma bonne amie (à la grosse dame) ? — Au désespoir, ma chère baronne : j’ai du monde chez moi ce soir,