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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/848

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MONROSE


Les frères de ma mère et de mon ami ! Peut-être ai-je mis entre ce dernier et moi des barrières insurmontables. Eh ! n’en ai-je pas mis du moins de bien réelles entre cette infortunée Charlotte… qu’il ne sera peut-être plus temps de venger de moi-même ! Qu’est-elle devenue, cette victime de mes criminelles folies ? On ne m’a pas dit d’elle un seul mot ! Abandonnée sans doute de son oncle, de son unique bienfaiteur… morte peut-être !… Mais, si par hasard elle vit, qui voudra lui donner un état ? Si quelqu’un se présente pour l’épouser, se donnera-t-elle avec sa tache secrète ?… ou s’exposera-t-elle aux plus cruels dangers, par le honteux aveu de sa faiblesse, dont tout le blâme appartient à moi seul ? Mon affreuse conduite de quelques jours aura donc préparé le malheur de tout une vie !

« Voilà, ma chère comtesse, quelles funestes idées, m’obsédant cette nuit, m’ont empêché de fermer l’œil. J’ai pris mon parti ; ma mère sait tout : je n’ai plus rien à ménager. Dès aujourd’hui je lui demande une lettre où elle soit caution, auprès de son époux, de mes nouveaux sentiments, de ma honte, de mon repentir et du désir que j’ai de tout réparer… Je vole vers milord ; je demande… j’obtiens sa nièce en mariage. De la fortune ? je n’en veux point avec elle ;