son injure sera sa dot. Mon peu de bien suffit ;
il est inutile qu’un gentilhomme, obscur en dépit
de sa pure ancienneté (je dis pure jusqu’à
moi), prenne dans le monde un dangereux essor,
et surtout à la cour. À la cour ! qu’y dirait-on
de moi ? Portant un nom qu’on n’y prononcera
jamais, on affecterait de m’y croire déplacé.
Mis en avant, j’attirerais sur moi le mortel
regard de l’envie : ce serait alors à qui, ressassant
le mieux quelques folies de jeunesse, tâcherait
de me susciter le plus d’ennemis et de
m’accabler sous les traits d’un blâme injurieux,
humiliant, outré. Qu’ai-je fait jusqu’ici de
louable ? Que n’ai-je pas effleuré de périlleux !
À quoi tient-il que je ne me sois perdu de réputation ?
Un peu de zèle et de courage, quelques
succès confondus dans la foule de ceux d’autrui
m’ont-ils donc dès maintenant approvisionné
de considération pour tout le reste de
ma vie ? À votre tour, ma chère Félicia, vous
m’écoutez froidement et vous ne me répondez
point. »
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MONROSE