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MONROSE


homme allait jaser : « Tais-toi ! » lui dit le marquis, lui mettant pour boire quatre écus de six livres dans la main et souffrant sans objection qu’on mît un cheval de plus à sa voiture. L’intérêt de la poste ainsi séparé de celui des voyageurs, tout se passe convenablement, et pour la fausse comédienne qui s’était tapie au premier mot du courrier, et pour le marquis, enchanté de n’avoir plus, du consentement même de sa conquête, à la disputer avec qui que ce fût[1].

Pour peu qu’on se fût éclairci, sûrement d’Aiglemont eût reconnu Lebrun, dont la basse-taille lui avait même rappelé quelqu’un de connaissance ; mais on ne se parla point. D’Aiglemont continua sa route et le courrier la sienne, celui-ci bien éloigné de supposer que la plus intéressante partie de son objet lui était dérobée par cette silencieuse voiture qu’il venait de croiser à la poste.

C’est à la suite de ce quiproquo que la prétendue comédienne débita son roman au marquis. Celui-ci, qui, bien qu’il sût son épouse

  1. Sans doute on n’aurait point été fâché de trouver ici l’intéressante description de la séduction du marquis, de la résistance de miss Charlotte et le détail de leur accord ; mais je ne parle jamais de ce que j’ignore ; on ne m’a donné sur toutes ces jolies choses aucun document.