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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/96

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MONROSE


bon procédé. Ce qu’il y a d’essentiel à citer en sa faveur, c’est qu’elle va se trouver légataire universelle de six cent mille livres, en vertu d’une bonne donation entre-vifs, bien légale. Il y a, je crois, peu de jeunes colonels à qui ce renfort de finance ne parût digne de quelque attention. — Et les hommes d’hier ? — Le sourd est un ancien enthousiaste de musique française, qui pendant un demi-siècle n’a pas manqué un opéra, ni un concert spirituel, ni une messe à grand orchestre : aussi est-il ce que vous l’avez vu. — Les ecclésiastiques ? — Des locataires du troisième de l’hôtel, garniture de la table, le jour des douze couverts. — Les militaires ? — Le boiteux est un sigisbée de madame la payeuse de rentes ; il a payé, lui, tant qu’il a pu les arrérages : la bonne dame l’entretient maintenant pro Deo. L’autre est un gazetier parasite qui pourrait bien être, à petit bruit, un espion public. — Le cordelier ? — Un cordelier à table, au lit ; la pièce de bœuf de la baronne et de son amie. Sa révérence jouit chez ces dames des grandes et des petites entrées, à titre de confesseur. »

Je ne pus m’empêcher d’interrompre ici Monrose et de m’écrier : « Ainsi, toujours la même, ma pauvre Sylvina ! »