Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/102

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Se sentant prêt à cuire, et les pieds sur la braise,
Sans rien dire à ses gens, s’enfuit à l’étranger,
Me laissant lourd de graisse, et d’argent fort léger.

Alors, je m’accostai d’un homme à maigre trogne,
Tout récemment encor arrivé de Gascogne,
Audacieux, fluet, médiocre et rampant,
Toujours grand ennemi du premier occupant,
Très-vide de vertu, mais gonflé d’espérance,
Qui sur sa route avait laissé sa conscience,
Comme un poids incommode à qui fait son chemin.
Le poids n’était pas lourd, il est vrai ; mais enfin,
À ravoir son paquet comme il pouvait prétendre,
Bientôt, grâce à mes soins, il en eut à revendre.
Je ne te dirai pas nos immenses succès,
Si de notre destin nous sommes satisfaits,
Si nous savons flatter les appétits des hommes :
Lève les yeux, cadet, et vois ce que nous sommes !
Jusqu’au faîte élevé, par mes nobles travaux,
Monseigneur a dompté ses plus fameux rivaux.
L’un d’eux, plus rodomont, voulait faire le crâne ;
Mais nous avons prouvé que ce n’était qu’un âne :
Et, comme il refusait d’aller à sa façon,
Monseigneur l’a chassé comme un petit garçon.
Puis, étouffant enfin d’audacieux murmures,
Nous avons en tous lieux semé nos créatures :
Comme nos spectateurs ne battaient pas des mains,