Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ne reprochez donc pas à mes chants, à mes larmes
De descendre trop tard sur des débris glacés,
De ramener les cœurs à d’illustres alarmes,
Et d’appeler des jours déjà presque effacés :
Car la source des pleurs en moi n’est point tarie,
Car mon premier accord dut être à la patrie ;
Heureux si je pouvais exprimer par mes vers
La fierté qui m’anime, en songeant à ses gloires,
Le plaisir que je sens, en chantant ses victoires,
La douleur que j’éprouve, en pleurant ses revers !

*

Oui, j’aime mon pays : dès ma plus tendre enfance,
Je chérissais déjà la splendeur de la France ;
De nos aigles vainqueurs j’admirais les soutiens ;
De loin, j’applaudissais à leur marche éclatante,
Et ma voix épelait la page triomphante
Qui contait leurs exploits à mes concitoyens.

*

Mais bientôt, aigle, empire, on vit tout disparaître !
Ces temps ne vivent plus que dans le souvenir ;