Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Nous ne l’entendrons plus ! — Cet organe sublime
Qui fit si bien parler le courage et le crime,
Et pénétra nos cœurs de sentimens si beaux,
S’est éteint pour jamais dans la nuit des tombeaux !
Nous ne le verrons plus ! — C’est en vain qu’au théâtre,
Qu’il remplit si souvent d’une foule idolâtre,
Nous chercherons ce port si plein de majesté,
Cette toge où vivait un air d’antiquité,
Cet œil étincelant d’une si noble flamme,
Ces traits pleins d’énergie, où s’imprimait son âme,
Cet organe brûlant, tant de fois entendu,
Qui traînait après soi notre esprit suspendu….
Plus de Talma ! — La scène, à tous les yeux déserte,
D’inutiles acteurs en vain sera couverte ;
En vain d’attraits nouveaux on voudra l’embellir…
Un vide y restera… qui ne peut se remplir.

Écoutez ! Écoutez ! Je crois entendre encore
Les sublimes accens de cette voix sonore :
Ici Brutus, aux yeux du public transporté,
Parle de la patrie et de la liberté ;
Germanicus trahi périt avec courage,
Et Régulus s’écrie : À Carthage ! À Carthage !
Marius et Sylla rappellent par leurs traits