Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/74

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Et les âges futurs un noble souvenir :
Car les peuples puissans, qui t’ignoraient naguère,
Comme un flot abaissé, rentreront dans la terre ;
Mais toi, ton nom déjà remplit tout l’avenir !

Salut au noble chef, qui, lassé de combattre,
Déposa sur tes bords le poids de sa grandeur !
Il résista long-temps ; mais il se vit abattre
Par ceux qu’il dévorait des feux de sa splendeur ;
Île de l’Océan, le voilà sans couronne !
Son cercueil est obscur, comme fut son berceau ;
Tu n’as jamais connu ton trône…
Mais tu possèdes son tombeau !

Son tombeau ! Quel est-il ? Sous une étroite pierre,
En vain l’on cherche un nom répété tant de fois :
Celui du conquérant, qui n’est plus que poussière,
Le nom du dieu mortel, le nom du roi des rois…
C’est en d’autres pays qu’il gronde,
Qu’il cause l’espoir ou le deuil…
Il avait soulevé le monde,
Il eût soulevé le cercueil !