Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/8

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Et puis, dira-t-on, encore des vers sur Napoléon ! Cette observation, jointe à celle du discrédit de la poésie dans ce siècle, formera au moins les deux tiers des articles qui seront publiés sur mon ouvrage, si toutefois on en publie. — Oui en voici encore ; mais pourquoi s’en plaindre ? Cet homme-là a tant grandi de sa comparaison avec ceux d’aujourd’hui, que c’est vers son règne que le poète est obligé de remonter, s’il veut trouver de belles pensées et des inspirations généreuses ; hors de là tout est dégoût et désenchantement. Pour la satire, c’est autre chose, jamais elle ne fut mieux placée ; aussi, mes essais satiriques sont-ils à l’ordre du jour. C’est la partie de mon recueil que j’estime le moins, mais qui me paraît cependant devoir plaire davantage au public, plus avide de rire que de méditer. La sensation que j’éprouve en les composant a quelque chose d’amer et de désagréable : combattre le vice et le crime, est cependant méritoire, mais chanter la vertu et la gloire est plus doux pour le cœur d’un poète et l’on aimerait mieux avoir à louer ceux qui gouvernent, qu’à les combattre ; mais qu’y faire ?