Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/122

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Une perle d’argent brillait dans le sable ; une perle d’or étincelait au ciel… Le monde était créé. Chastes amours, divins soupirs ! enflammez la sainte montagne… car vous avez des frères dans les vallées et des sœurs timides qui se dérobent au sein des bois !

Bosquets embaumés de Paphos, vous ne valez pas ces retraites où l’on respire à pleins poumons l’air vivifiant de la patrie. — Là-haut, sur les montagnes, le monde y vit content ; le rossignol sauvage fait mon contentement !

Oh ! que ma grande amie est belle ! Elle est si grande, qu’elle pardonne au monde, et si bonne qu’elle m’a pardonné. L’autre nuit, elle était couchée je ne sais dans quel palais, et je ne pouvais la rejoindre. Mon cheval alezan-brûlé se dérobait sous moi. Les rênes brisées flottaient sur sa croupe en sueur, et il me fallut de grands efforts pour l’empêcher de se coucher à terre.

Cette nuit, le bon Saturnin m’est venu en aide, et ma grande amie a pris place à mes côtés sur sa cavale blanche caparaçonnée d’argent. Elle m’a dit : « — Courage, frère ! car c’est la dernière étape. » Et ses grands yeux dévoraient l’espace, et elle faisait voler dans l’air sa longue chevelure imprégnée des parfums de l’Yémen.

Je reconnus les traits divins de ***. Nous volions