Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/162

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Vous prescheront assez : ce papier seulement
S’en-va vous saluer, et sçavoir humblement
De vostre majesté, si vous, son nouveau maistre,
Le pourrez par, sa muse encores recognoistre.

Il n’a pas l’Italie en poste traversé
Sur un cheval poussif, suant et harassé,
Qui a cent fois tombé son maistre par la course ;
11 n’a vendu son bien afin d’enfler sa bourse,
Pour Vous aller trouver, et pour parler à vous,
Pour vous baiser les mains, embrasser vos genous,
Adorer vostre face ; il ne le saurait faire ;
Son humeur fantastique est aux autres contraire ;
Ceux qui n’ont quele corps sont nez pour tels mestiers ;
Ceux qui n’ont que l’esprit ne le font volontiers.

Je ne suis courtizan ny vendeur de fumées,
Je n’ay d’ambition les veines allumées,
Je ne sçaurois mentir ; je ne puis embrasser
Genous, ny baiser mains, ny suivre, ny presser,
Adorer, bonneter : je suis trop fantastique ;
Mon humeur d’escolier, ma liberté rustique,
Me devroient excuser, ma simplicité
Trouvoit aujourd’huy placée entre la vanité.

C’est à vous, mon grand prince, à supporter ma faute,
Et me louer d’avoir l’âme superbe et haute,