Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/164

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A PIERRE L’ESCOT.

PUISQUE Dieu ne m’a fait pour supporter les armes,
Et mourir tout sanglant au milieu des alarmes,
En imitant les faits de mes premiers ayeux,
Je ne veux cependant demeurer ocieux :
Mais comme je pourray je veux laisser mémoire
Que j’allay Sur Parnasse acquérir de la gloire,
Afin que mon renom, des siècles non velncu,
Rechante à mes neveux qu’autrefdis j’ay vescu
Caressé d’Apollon et des muses aimées,
Que j’ay plus que ma vie en mon âge estimées :
Pour elles à trente ans j’avois le chef grison,
Maigre, p^le, desfait, enclos en la prison
D’une rAélajicholique et rhumatique éstudé,
Renfrogné, mal.courtois, sombre, pensif et rude,
Afin qu’en mé tuant je péUsse recevoir
Quelque peu’ dé" renom pour u# peu de sçâvoir.
Je fussouventefQÎs retancé’de mon pèréiv
Voyant que j’aimôis trop les deux filles d’Homère,