Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/184

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Qui ne tremble jamais pour un petit novice.
Tes escrits sont tesmoins que tu m’as dcsrobé.
Du fardeau du larcin ton dos est tout courbé :
Tu en rougis de honte, et en ta conscience
Père tu me cognois, d’une telle science.
Si quelque bonté loge encore dans cœur,
Tu sens d’une furie une lente vigueur,
Un vengeur aiguillon qui de toi lie s’absente
D’avoir, osé blasmer la personne innocente ;
Sçachant bien que tu ments et que je ne suis point
Des vices entaché dont ta rage me poingt.

Or je te laisse en paix » car je ne veux descendre
En noise contré toy ; r.y moins les armes prendre :
Tu esfoible pour moi » si je veux escrimer
Du baston qui me fait par l’Europe estimer.
Mais si ce grand guerrier, et grand soldat de Bèze,
Se présente au combat » mon cœur sautera d’aizè.

D’un si fort ennemi Je seray glorieux,
Et Dieu sçait qui des deux sera victorieux
Hardy je plantéray mes pas dessus l’arène,
Je roidiray mes pas » souillant à grosse halène,
Et happant, et servant, suint et haletant,
Du matin jusqu’au soir Je l’iray combattant,
Sans deslier les mains, ni cestes ni cour rayes,
Que tous deux ne soyons enyvrés de nos playes.