Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/187

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De mes démons poursuit ton cerveau lunatique,
Qui te rend lou-garou (car, à ce que je v’oy,
Tu as veu les/rabas encore mieux que moy), ’
Ou bien en releôchant ma brusque poésie,
La panique fureur ta cervelle a saisie.
Si tu veux confesser que lou-garou tu sois,, ]
Hoste mélancoliq’ des tombeaux et des croix,
Pour te donner plaisir, vray’montje te confesse
Que je suis prestre-raz, que j’ay dit la grand’messe :
Mais devant que parler, il faut exorciser. ’
Ton démon qui te fait mes démons mespriser.
Fuyez, peuples, fuyez, que personne n’approche,
Sauvez-vous en l’Église, allez sonner la clooho
A son dru et menu, faites flamber du feu,
Faites un cerne en rond, murmuriez peu à peu
Quelque baise oraison, et mettez en la bouche
Sept ou neuf grains do sel, de peur qu’il no vous touche.
Le voicy, je le voy escumant et bavant,
Il se roule en arrière, il se roule en ayant,
Affreux, hideux, bourbeux : une espaissp fumée
Ondoyé do sa gorge en fiâmes allumée s
Il a le diable au corps, ses yeux cavez dpdans,
Sans prunelle et sans blanq, reluisent comme ardans,
Qui par les nuicts d’hyver a fiâmes vagabondes»