Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/84

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Jamais le jeune enfant ne pense
A la vieillesse qui le suit :
Ne jamais l’homme heureux n’espère
De se voir tomber en meschef,
Sinon alors que la misère
Desjà luy pend dessus le chef.

Homme débile et misérable !
Pauvre abusé l ne sçais-tu jpas
Que la jeunesse est peu durable,
Et que la mort^guide nos pas,
Et que nôstre fangeuse masse
Si tost s’osvanouit en rien.
Qu’à grand peine avons nous l’espace
De gouster la douceur du bien ?

Le destin et la parque noire
En tous âges sillent nos yeux :
Jeunes et vieux ils meihènt boire
Les flots du lac oublivieux
Mesmôs les rois 1, foudres de guerre,
Despouillez de veinés el d’os,
Ainsi que vachers sous la terre
Viendront au thrône de Minos.

C’est pitié que de nostre vie :
Par les eaux l’avare marchant,