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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/100

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faire comme vous me l’aviez dit, j’entendais l’arbre qui se plaignait !

— C’est comme moi, dit la petite fille, quand j’emporte des poissons dans mon panier, je les entends qui chantent si tristement, que je les rejette dans l’eau… Alors on me bat chez nous !

— Tais-toi, petite masque ! dit Tord-Chêne, qui paraissait animé par la boisson, tu déranges mon neveu de son travail. Je te connais bien, avec tes dents pointues couleur de perle… Tu es la reine des poissons ! Mais je saurai bien te prendre à un certain jour de la semaine, et tu périras dans l’osier… dans l’osier !

Les menaces que Tord-Chêne avait faites dans son ivresse ne tardèrent pas à s’accomplir. La petite fille se trouva pêchée sous la forme de poisson rouge, que le destin l’obligeait à prendre à de certains jours. Heureusement, lorsque Tord-Chêne voulut, en se faisant aider de son neveu, tirer de l’eau la nasse d’osier, ce dernier reconnut le beau poisson rouge à écailles d’or, qu’il avait vu en rêve, comme étant la transformation accidentelle de la petite pêcheuse.