Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il osa la défendre contre Tord-Chêne et le frappa même de sa galoche. Ce dernier, furieux, le prit par les cheveux, cherchant à le renverser ; mais il s’étonna de trouver une grande résistance : c’est que l’enfant tenait des pieds à la terre avec tant de force que son oncle ne pouvait venir à bout de le renverser ou de l’emporter, et le faisait en vain virer dans tous les sens.

Au moment où la résistance de l’enfant allait se trouver vaincue, les arbres de la forêt frémirent d’un bruit sourd ; les branches agitées laissèrent siffler les vents, et la tempête fit reculer Tord-Chêne, qui se retira dans sa cabane de bûcheron.

Il en sortit bientôt, menaçant, terrible et transfiguré comme un fils d’Odin ; dans sa main brillait cette hache scandinave qui menace les arbres, pareille au marteau de Thor brisant les rochers.

Le jeune prince des forêts, victime de Tord-Chêne, — son oncle, usurpateur, — savait déjà quel était son rang, qu’on voulait lui cacher. Les arbres le protégeaient, mais seulement par leur masse et leur résistance passive…

En vain les broussailles et les bourgeons