Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/102

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s’entrelaçaient de tous côtés pour arrêter les pas de Tord-Chêne ; celui-ci avait appelé ses bucherons et se traçait un chemin à travers ces obstacles. Déjà plusieurs arbres, autrefois sacrés, du temps des vieux druides, étaient tombés sous les haches et les cognées.

Heureusement, la reine des poissons n’avait pas perdu de temps. Elle était allée se jeter aux pieds de la Marne, de l’Aisne et de l’Oise, les trois grandes rivières voisines, leur représentant que si l’on n’arrêtait pas les projets de Tord-Chêne et de ses compagnons, les forêts, trop éclaircies, n’arrêteraient plus les vapeurs qui produisent les pluies et qui fournissent l’eau aux ruisseaux, aux rivières et aux étangs ; que les sources elles-mêmes seraient taries et ne feraient plus jaillir l’eau nécessaire à alimenter les rivières ; sans compter que tous les poissons se verraient détruits en très-peu de temps, ainsi que les bêtes sauvages et les oiseaux.

Les trois grandes rivières prirent là-dessus de tels arrangements, que le sol où Tord-Chêne, avec ses terribles bûcherons, travaillait à la destruction des arbres, — sans, toutefois, avoir pu atteindre encore le jeune prince des forêts,