Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/19

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l’on secourt ses semblables et l’on se dévoue pour leur salut, chacun suivant sa pente naturelle. Mais le sentiment particulier de Godinot Chevassut était le même que celui du savant Charles neuvième, à savoir que l’on ne peut établir aucune qualité au-dessus de l’esprit et de l’adresse, et que les gens qui en sont pourvus sont les seuls dignes en ce monde d’être admirés et honorés ; et nulle part il ne trouvait ces qualités plus brillantes et mieux développées que chez la grande nation des tire-laine, matois, coupeurs de bourse et bohèmes, dont la vie généreuse et les tours singuliers se déroulaient tous les jours devant lui avec une variété inépuisable.

Son héros favori était maître François Villon, Parisien, célèbre dans l’art poétique autant que dans l’art de la pince et du croc ; aussi l’Iliade avec l’Énéide, et le roman non moins admirable de Huon de Bordeaux, il les eût donnés pour le poème des Repues franches, et même encore pour la Légende de maître Faifeu, qui sont les épopées versifiées de la nation truande ! Les Illustrations de Du Bellay, Aristoteles Peripoliticon et le Cymbalum mundi lui paraissaient bien faibles à