Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/34

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élevé que j’ai donné à votre existence dans ma prédiction ?

― Je comprends que je puis devenir syndic des drapiers-chaussetiers, marguillier, échevin…

― C’est bien rentrer de pic noir, bien trouvé sans chandelle !… Et pourquoi pas le grand sultan des Turcs, l’Amorabaquin ?… Eh ! non, non, monsieur mon ami, c’est autrement qu’il faut l’entendre ; et puisque vous désirez une explication de cet oracle sibyllin, je vous dirai que, dans notre style, aller haut est pour ceux qu’on envoie garder les moutons à la lune, de même que aller loin, pour ceux qu’on envoie écrire leur histoire dans l’Océan, avec des plumes de quinze pieds…

― Ah ! bon, mais si vous m’expliquiez encore votre explication, je comprendrais sûrement.

― Ce sont deux phrases honnêtes pour remplacer deux mots : gibet et galères. Vous irez haut et moi loin. Cela est parfaitement indiqué chez moi par cette ligne médiane, traversée à angles droits d’autres lignes moins prononcées ; chez vous, par une ligne qui coupe celle du milieu sans se prolonger au