Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/33

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que ces gens-là vous promettent toujours. Mais comment donc sait-il les choses qu’il m’a dites en premier ? Cela est merveilleux !… À moins toutefois qu’il ne me connaisse de quelque part. »

Cependant il tira de sa bourse l’écu rogné du magistrat, en priant l’escamoteur de lui rendre sa monnaie. Peut-être avait-il parlé trop bas ; mais celui-ci n’entendit point, car il reprit ainsi, en roulant l’écu dans ses doigts :

« Je vois assez que vous savez vivre ; aussi j’ajouterai quelques détails à la prédiction très véritable, mais un peu ambiguë, que je vous ai faite. Oui, mon compagnon, bien vous a pris de ne me point solder d’un sol comme les autres, encore que votre écu perde un bon quart ; mais n’importe, cette blanche pièce vous sera un miroir éclatant où la vérité pure va se refléter.

― Mais, observa Eustache, ce que vous m’avez dit de mon élévation n’était-ce donc pas la vérité ?

― Vous m’avez demandé votre bonne aventure, et je vous l’ai dite, mais la glose y manquait… Çà, comment comprenez-vous le but