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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/40

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que les militaires témoignent pour les personnes de l’état bourgeois dont l’extérieur est peu imposant.

― Il a un faux air d’un trompette de chez nous, observa-t-il gravement ; seulement l’autre a plus de corporance dans les jambes ; mais tu sais, Javotte, le trompette, dans un escadron, c’est un peu moins qu’un cheval, et un peu plus qu’un chien…

― Voici mon neveu, dit Javotte à Eustache, en ouvrant sur lui ses grands yeux bleus avec un sourire de parfaite satisfaction ; il a obtenu un congé pour venir à notre noce. Comme cela se trouve bien, n’est-ce pas ? Il est arquebusier à cheval… Oh ! le beau corps ! Si vous étiez vêtu comme cela, Eustache… mais vous n’êtes pas assez grand, vous, ni assez fort…

― Et combien de temps, dit timidement le jeune homme, monsieur nous fera-t-il cet avantage de demeurer à Paris ?

― Cela dépend, dit le militaire en se redressant, après avoir fait attendre un peu sa réponse. On nous a envoyés dans le Berri pour exterminer les croquants ; et, s’ils veulent rester tranquilles quelque temps encore, je vous donnerai un bon mois ; mais, de toutes façons,