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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/57

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trouverait d’excellents seconds sur le Pont-Neuf, devant la Samaritaine, où ils se promenaient d’ordinaire ; gens qui n’avaient point d’autre profession, et qui, pour un écu, se chargeaient d’embrasser la querelle de qui que ce fût, et même d’apporter des épées. Après ces observations, il fit un salut profond, et se retira.

Eustache, resté seul, se mit à songer, et demeura longtemps dans cet état de perplexité : son esprit fourchait à trois résolutions principales : tantôt il voulait donner avis au lieutenant civil de l’importunité du militaire et de ses menaces, et lui demander l’autorisation de porter des armes pour sa défense ; mais cela aboutissait toujours à un combat. Ou bien il se décidait à se rendre sur le terrain, en avertissant les sergents, de façon qu’ils arrivassent au moment même où le duel commencerait ; mais ils pouvaient arriver quand il serait fini. Enfin, il songeait aussi à s’en aller consulter le bohémien du Pont-Neuf, et c’est à cela qu’il se résolut en dernier lieu.

À midi, la servante remplaça, sous le parapluie rouge, Javotte, qui vint dîner avec son