Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/56

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adressa la parole d’un ton très calme et très civil.

Il lui fit connaître d’abord que son adversaire l’ayant attendu pendant deux heures au lieu du rendez-vous sans le voir arriver, et jugeant qu’un accident imprévu l’avait empêché de s’y rendre, retournerait le lendemain, à la même heure, au même endroit, y demeurerait le même espace de temps et que, si c’était sans plus de succès, il se transporterait ensuite à sa boutique, lui couperait les deux oreilles, et lui mettrait dans sa poche, comme avait fait, en 1605, le célèbre Brusquet à un écuyer du duc de Chevreuse pour le même sujet, action qui obtint l’applaudissement de la cour, et fut généralement trouvée de bon goût.

Eustache répondit à cela que son adversaire faisait tort à son courage par une menace pareille, et qu’il aurait à lui rendre raison doublement ; il ajouta que l’obstacle ne venait point d’une autre cause que de ce qu’il n’avait pu trouver encore quelqu’un pour lui servir de second.

L’autre parut satisfait de cette explication, et voulut bien instruire le marchand qu’il