Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/61

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fixe de l’échéance. Ensuite il prit le livre du grand Albert, commenté par Corneille Agrippa et l’abbé Trithème, l’ouvrit à l’article des Combats singuliers, et pour assurer davantage Eustache que son opération n’aurait rien de diabolique, lui dit qu’il pourrait cependant réciter ses prières, sans crainte d’y apporter aucun obstacle. Il leva alors le couvercle d’un bahut, en tira un pot de terre non vernissé, et y fit le mélange de divers ingrédients qui paraissaient lui être indiqués par son livre, en prononçant à voix basse une sorte d’incantation. Quand il eut fini, il prit la main droite d’Eustache, qui, de l’autre, faisait le signe de la croix, et l’oignit jusqu’au poignet de la mixtion qu’il venait de composer.

Ensuite il tira encore du bahut un flacon très vieux et très gras, et le renversant lentement, répandit quelques gouttes sur le dos de la main, en prononçant des mots latins qui se rapprochaient de la formule que les prêtres emploient pour le baptême.

Alors seulement Eustache ressentit dans tout le bras une sorte de commotion électrique qui l’effraya beaucoup ; sa main lui sembla comme engourdie, et cependant, chose bien