Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/60

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que je ne possède !… Et que me sera la vie sans pain et la gloire sans habits ? Encore peut-être est-ce là une fausse promesse de charlatan dont on leurre les personnes crédules.

― Vous ne payerez qu’après.

― C’est quelque chose… Enfin, quel gage en voulez-vous ?

― Votre main seulement.

― Eh bien donc… Mais je suis un grand fat d’écouter vos sornettes ! Ne m’avez-vous pas prédit que je finirais par la hart ?

― Sans doute, et je ne m’en dédis point.

― Or donc, si cela est, qu’ai-je donc à redouter de ce duel ?

― Rien, sinon quelques estocades et estafilades, pour ouvrir à votre âme les portes plus grandes… Après cela, vous serez ramassé et hissé néanmoins à la demi-croix, haut et court, mort ou vif, comme l’ordonnance le porte ; et ainsi votre destinée se verra accomplie. Comprenez-vous cela ?

Le drapier comprit tellement, qu’il s’empressa d’offrir sa main à l’escamoteur, en forme de consentement, lui demandant dix jours pour trouver la somme, à quoi l’autre s’accorda, après avoir noté sur le mur le jour