Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/64

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démenait d’une rude façon. Pour mieux dire, il ne la sentait plus que par le tiraillement puissant qu’elle exerçait sur les muscles de son bras ; ses mouvements avaient une force et une élasticité prodigieuse, que l’on pourrait comparer à celle d’un ressort d’acier ; aussi le militaire eut-il le poignet presque faussé en parant le coup de tierce ; mais le coup de quarte envoya son épée à dix pas, tandis que celle d’Eustache, sans se reprendre et du même mouvement dont elle était lancée, lui traversa le corps si violemment, que la coquille s’imprima sur sa poitrine. Eustache, qui ne s’était pas fendu, et que la main avait entraîné par une secousse imprévue, se fût brisé la tête en tombant de toute sa longueur si elle n’eût porté sur le ventre de son adversaire.

― Tudieu, quel poignet !… s’écria le témoin du soldat ; ce gars-là en remontrerait au chevalier Tord-Chêne ! Il n’a pas la grâce pour lui, ni le physique ; mais, pour la raideur du bras, c’est pire qu’un arc du pays de Galles !

Cependant Eustache s’était relevé avec l’aide de son témoin, et demeura un instant absorbé sur ce qui venait de se passer ; mais quand il