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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/71

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action qu’il se précipita aux pieds de maître Chevassut, et lui demanda pardon de son irrévérence avec les termes les plus suppliants et les plus piteuses protestations, jurant que c’était quelque mouvement convulsif imprévu, où sa volonté n’entrait pour rien, et dont il espérait miséricorde de lui comme du bon Dieu. Le vieillard le releva, plus étonné que colère ; mais à peine fut-il sur ses pieds qu’il donna, du revers de sa main, sur l’autre joue, un pendant à l’autre soufflet, tel que les cinq doigts y imprimèrent un bon creux où l’on aurait pu les mouler.

Pour cette fois, cela devenait insupportable, et maître Chevassut courut à sa sonnette pour appeler ses gens ; mais le drapier le poursuivit, continuant la danse, ce qui formait une scène singulière, parce qu’à chaque maître soufflet dont il gratifiait son protecteur, le malheureux se confondait en excuses larmoyantes et en supplications étouffées, dont le contraste avec son action était des plus réjouissants ; mais en vain cherchait-il à s’arrêter dans les élans où sa main l’entraînait, il semblait un enfant qui tient un grand oiseau par une corde attachée à sa patte. L’oiseau tire par tous les