Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/72

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coins de sa chambre l’enfant effrayé, qui n’ose le laisser envoler, et qui n’a point la force de l’arrêter. Ainsi, le malencontreux Eustache était tiré par sa main à la poursuite du lieutenant civil, qui tournait autour des tables et des chaises, et sonnait et criait, outré de rage et de souffrance. Enfin les valets entrèrent, s’emparèrent d’Eustache Bouteroue, et le jetèrent à bas étouffant et défaillant. Maître Chevassut, qui ne croyait guère à la magie blanche, ne devait penser autre chose sinon qu’il avait été joué et maltraité par le jeune homme pour quelque raison qu’il ne pouvait s’expliquer ; aussi fit-il chercher les sergents, auxquels il abandonna son homme sous la double accusation de meurtre en duel et d’outrages manuels à un magistrat dans son propre logis. Eustache ne sortit de sa défaillance qu’au grincement des verrous ouvrant le cachot qu’on lui destinait.

― Je suis innocent !… cria-t-il au geôlier qui l’y poussait.

― Oh, vertubleu ! lui répliqua gravement cet homme, où donc croyez-vous être ? Nous n’en avons jamais ici que de ceux-là !