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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/77

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si fort et à pleurer si chaudement, que c’était grande pitié.

― Hé, là là ! mon ami cher, lui fit doucement maître Gonin, pourquoi se bander ainsi contre la destinée ?

― Sainte Dame ! c’est aisé de parler, sanglota Eustache ; mais quand la mort est là tout proche…

― Eh bien ! qu’est-ce donc que la mort, que l’on s’en doive tant étonner ?… Moi, j’estime la mort une rave !

« Nul ne meurt avant son heure ! » dit Sénèque le Tragique.

Êtes-vous donc seul son vassal, à cette dame camarde ? Aussi le suis-je, et celui-là, un tiers, un quart, Martin, Philippe !… La mort n’a respect à aucun. Elle est si hardie, qu’elle condamne, tue, et prend indifféremment papes, empereurs et rois, comme prévôts, sergents, et autres telles canailles.

Donc, ne vous affligez point de faire ce que tous les autres feront plus tard ; leur condition est plus déplorable que la vôtre ; car, si la mort est un mal, elle n’est mal qu’à ceux qui ont à mourir. Ainsi, vous n’avez plus qu’un jour de ce mal, et la plupart des autres