Aller au contenu

Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

daison ; la corde qu’il serrait cependant, en le poussant hors de l’échelle, coupa en deux la repartie d’Eustache.

On assure que lorsque tout semblait terminé et que l’exécuteur s’allait retirer chez lui, maître Gonin se montra à l’une des embrasures du Château-Gaillard, qui donnait du côté de la place. Aussitôt, bien que le corps du drapier fût parfaitement lâche et inanimé, son bras se leva, et sa main s’agita joyeusement comme la queue d’un chien qui revoit son maître. Cela fit naître dans la foule un long cri de surprise, et ceux qui déjà étaient en marche pour s’en retourner revinrent en grande hâte, comme des gens qui ont cru la pièce finie, tandis qu’il reste encore un acte.

L’exécuteur replanta son échelle, tâta aux pieds du pendu derrière les chevilles : le pouls ne battait plus ; il coupa une artère, le sang ne jaillit point, et le bras continuait cependant ses mouvements désordonnés.

L’homme rouge ne s’étonnait pas de peu ; il se mit en devoir de remonter sur les épaules de son sujet, aux grandes huées des assistants ; mais la main traita son visage bourgeonné avec la même irrévérence qu’elle avait montrée à