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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/94

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Le sergent et la couturière ne pouvaient se consoler des chagrins que leur donnait ce petit monstre, qui devenait de plus en plus têtu, colère et malicieux.

La mélancolie qu’ils éprouvèrent les conduisit à un vice trop commun parmi les gens de leur sorte. Ils s’adonnèrent à la boisson.

Seulement le sergent ne voulait jamais boire que du vin cacheté de rouge, et sa femme que du vin cacheté de vert.

Chaque fois que le sergent était ivre-mort, il voyait dans son sommeil la femme sanglante dont l’apparition l’avait épouvanté dans la cave, après qu’il eut brisé la bouteille.

Cette femme lui disait : — Pourquoi m’as-tu pressée sur ton cœur, et ensuite immolée… moi qui t’aimais tant ?

Chaque fois que l’épouse du sergent avait trop fêté le cachet vert, elle voyait dans son sommeil apparaître un grand diable, d’un aspect épouvantable, qui lui disait : — Pourquoi t’étonner de me voir… puisque tu as bu de la bouteille ?…

« Ne suis-je pas le père de ton enfant ?… »

Ô mystère !