Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/197

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côté, et dont le costume s’accordait parfaitement avec celui des prêtres d’Isis d’un ordre inférieur, avait la tête tondue, et portait le tablier autour des reins. — Mais il tenait dans la main un des plus énigmatiques symboles égyptiens, la croix ansée (crux ansata), dont le savant Daunou a trouvé tout un soubassement couvert dans un temple de Philé.

Il va sans dire qu’ici aucune victime sanglante n’était immolée, et que jamais la flamme de l’autel ne consumait des chairs palpitantes. — Isis, le principe de la vie et la mère de tous les êtres vivants, dédaignait les sacrifices sanglants. — De l’eau du fleuve sacré ou du lait étaient seulement répandus pour elle ; pour elle brûlaient aussi de l’encens et d’autres parfums.

Dans le temple, tout était significatif et caractéristique : le nombre impair des degrés sur lesquels la chapelle est élevée, avait aussi un sens mystique. — En général, le prêtre égyptien cherchait à s’entourer des souvenirs de la terre sacrée du Nil, et, au moyen des végétaux et des animaux de l’Égypte, à transporter les sectateurs de cette nouvelle religion dans le pays où elle avait pris naissance. — Ce n’était point par hasard qu’on avait planté deux palmiers à droite et à gauche du bosquet odoriférant qui entourait la chapelle ; car le palmier, qui, tous les mois pousse de nouveaux rameaux, était un symbole de la puissance des grands dieux. De là les porteurs de palmiers qui figuraient aux processions, et dont il est fait mention dans la célèbre inscription de Rosette.

À la fin de la cérémonie, selon un passage d’Apulée, un des prêtres prononçait la formule ordinaire : « Congé au peuple ! » qui est devenue la formule chrétienne : Ite, missa est ; et à laquelle le peuple répondait par son adieu accoutumé à la déesse : « Portez-vous bien, » ou : « Maintenez-vous en santé ! »